Atelier
d’expression corporelle et de redynamisation sociale par la danse
Durée
d’action :
depuis novembre 2010
Atelier
bimensuel de 2h00.
Nombre
de séances :
22 (dont 4 sorties)
Nombre
de participants :
6 pour les ateliers et 12 pour les sorties
Public :
Adultes en situation de handicap psychique et stabilisés
Contenu :
Travail autour du lien
social, de la redécouverte
de soi, de l’autre et de la relation à travers la danse
improvisation et la rencontre du milieu de la danse.
Sorties culturelles et
rencontres avec des danseurs ainsi que des chorégraphes.
Travail
partenarial :
Théâtre
de la Ville
Centre
National de la Danse
Animation en concertation
avec une animatrice de l’équipe référente du projet.
Bilan
qualitatif 2012-2013 :
Après
avoir développé une pratique de la danse improvisation en atelier,
nous avons travaillé sur un projet orienté vers la rencontre avec
le milieu de la danse.
Le
projet de la résidence Apollinaire étant tourné vers la
socialisation, il nous a semblé important de proposer aux
participants de relier leur pratique personnelle et collective en
atelier à une dimension plus universelle.
I/L’atelier :
1/Lieu
de l’action :
L’atelier
se déroule au sein de la résidence
Apollinaire
de l’association Aurore, foyer d’hébergement accueillant des
adultes reconnus en situation de handicap psychique, orientés par la
Maison Départementale Du Handicap, et en situation de travail.
Les
missions de la Résidence Apollinaire sont :
Stabilisation
pérenne : stabilité exprimée comme espacement, diminution
des symptômes et de la souffrance ;
Autonomisation :
qualité de vie, équilibre entre le projet général et le projet
individuel ;
Socialisation :
trouver une place, la sienne, au sein du groupe ; se
positionner et faire des choix ; être dans des relations
vivantes favorisant les interactions sociales responsables et
civiques.
La
résidence dispose d’une équipe socio-éducative composé d’une
Assistante sociale, de 8 animateurs socio-éducatifs et d’un chef
de service. L’équipe socio-éducative est présente 24h/24h au
sein de la structure.
Un
médecin psychiatre est présent pour les candidatures et sur les
réunions d’équipe.
La
structure s’inscrit dans le pôle « Accueils et soins
psychiques » de l’association « Aurore ».
Les
ateliers ont lieu dans la salle polyvalente de la « Tisanerie »,
espace collectif relevant d'un autre service de l'association
« Aurore ». Cet espace, à proximité de la résidence,
est mutualisé afin de permettre le développement de l’activité.
2/
Diagnostic et origine de l’action :
Nous
rencontrons souvent chez les personnes accueillies à la résidence
Apollinaire, en situation de handicap psychique, des difficultés
relationnelles qui peuvent engendrer une rupture du lien social. De
même, la maladie mentale peut entrainer une mise à mal des images
du corps et de l’estime de soi qui peuvent renforcer le contexte
d’isolement dans laquelle elles se trouvent.
Cette
situation peut engendrer une mise à l’écart de l’espace public
et ainsi constituer un frein pour accéder aux structures de droit
commun ; ce qui peut provoquer une perte d’autonomie et ne
fait qu’accentuer le sentiment et le vécu d’exclusion.
La
danse, à travers l’expression corporelle, peut être valorisante
parce qu’elle permet de découvrir son potentiel, source de
confiance en soi. C’est l’improvisation que nous souhaitons
proposer dans ce cadre car elle favorise plus particulièrement
l’écoute de soi, et donc son propre réinvestissement à travers
la créativité. Improviser, c’est ouvrir des possibles, s’ouvrir
à soi, à l’autre et à son environnement.
La
dynamique de groupe peut ainsi permettre une rencontre avec
l’altérité. La danse, mode d’expression avec son langage propre
peut constituer un outil de communication et inviter à de nouvelles
modalités de dialogue et de rencontre avec le groupe, soi et les
autres.
Peut
naître alors l’idée d’un processus dans la danse improvisation
où l’individu est lui-même en processus et dans lequel il peut
explorer d’autres supports d’identification, d’autres
possibilités d’être au monde et en relation ; elles-mêmes
susceptibles d’être réinvesties dans la vie quotidienne et, le
cas échéant, de soutenir la redynamisation du lien social et
l’autonomisation.
3/
Objectifs visés par l’action:
-
Soutenir les évolutions personnelles de chacun dans un cadre
collectif et artistique en complémentarité des accompagnements
individuels.
-
Ouvrir l’expressivité et la créativité de chacun avec
l’opportunité d’appréhender un nouveau rapport à soi et à
l’autre.
-
Proposer un espace de re-narcissisation et de structuration à
travers l’apprentissage de techniques nouvelles et valorisantes.
-
Favoriser un travail autour de l’altérité et de la rencontre avec
l’autre en prenant appui sur la dynamique de groupe.
-
Associer l’expérience individuelle en atelier à une ouverture
vers le lien social en proposant un accès aux lieux culturels de la
ville de Paris, comme la possibilité de réinvestir une place
personnelle au sein de l’espace public.
4/
Descriptif de l’action :
Le
dispositif est répété plus ou moins dans son intégralité tout au
long de l’année avec un découpage en différents temps :
a/
Un
travail rythmique
b/
Un
temps de préparation corporelle précis
c/
Improvisation/Expérimentation
d/
Elaboration
d’une phrase chorégraphiée :
e/
Des rituels
de début et de fin jalonnent la séance.
f/Un
temps de partage en fin de séance :
5/
Mode d’évaluation de l’action :
Engagement
personnel et investissement dans l’activité de médiation :
Assiduité ;
ponctualité ;
Respect
et écoute des consignes ; engagement dans l’exercice proposé.
Capacité
à mettre en œuvre différentes modalités d’engagement de Soi au
sein de l’atelier :
Intégrer
et proposer différentes qualités de mouvements ;
Créativité
et expressivité dans le mouvement.
Capacité
à créer des liens et à danser en relations avec les autres :
Respect
et écoute de l’autre ;
Capacité
à être force de proposition et à intégrer les propositions de
l’autre.
Mise
en perspective de l’expérience dans la vie quotidienne :
Quelles
répercussions dans les modalités d’interaction avec les
travailleurs sociaux, dans la vie collective ainsi que pour la
gestion des démarches quotidiennes (soins, travail,
administratif,…).
Réunions
de régulation avec l’équipe et les participants.
II/La
programmation culturelle :
Spectacles,
rencontres et ateliers ; liens et perspectives pour notre
pratique
Sorties
effectuées :
19
septembre 2012 :
« Jours
étranges »
de
Dominique Bagouet. Théâtre
de la Ville
14
décembre 2012 :
« Bal
des Princesses (mais aussi des Princes !) ». Compagnie
La Feuille d’Automne. Centre
National de la Danse.
28
mars 2013 :
« A
Posto »
d’Ambra Senatore Théâtre
de la Ville.
20
juin 2013 :
« Kontakthof »
de Pina Bausch.
Théâtre
de la
Ville.
Nous
avons poursuivi les partenariats engagés et en avons développé de
nouveaux avec des grandes institutions culturelles diffusant et
promouvant la danse.
Nous avons cette saison
suivi la thématique du partage et de la mise en lien.
Ces notions ont été
explorées tant dans le cadre des ateliers avec un travail favorisant
la relation avec l’autre, en duo ou avec l’ensemble du groupe,
que des sorties culturelle, au travers
de
rencontres en lien avec les spectacles notamment.
Nous avons aussi choisi de
fêter la fin d’année en participant à un bal organisé par le
Centre National de la Danse afin d’élargir nos horizons d’une
pratique en atelier et d’ouvrir plus largement encore le spectre
de la rencontre et de la sociabilité.
Dans
cette perspective, nous avons axé en début de saison le travail sur
le duo et le regard afin d’initier les participants à une pratique
de danse « sociale ». Nous avons joué cela sous
différentes formes, avec un travail en miroir, de question réponse
ou encore de guidage avec le support d’objets divers (foulards,
instruments de musique,…).
Nous
avons aussi instauré un dispositif incluant le regard de l’autre
afin que les résidents commencent à s’habituer à cette situation
d’exposer leur danse. Nous avons séparé le groupe en deux et
avons défini un espace scénique, identifiant ainsi le lieu de la
danse et le différenciant de celui des spectateurs.
Outre
de préparer chacun à l’expérience de bal, ce dispositif a
présenté de multiples intérêts car il a aussi permis d’amorcer
un travail plus recherché autour de la notion de spéculaire. Les
spectateurs ont ainsi pu consolider leur qualité de regard en
faisant un retour aux danseurs de ce qu’ils avaient pu observer de
leur danse. Ces retours ont aussi été très riches pour les
danseurs qui ont pu à travers le regard de l’autre affiner leur
gestuelle et approfondir la qualité de leurs perceptions corporelles
et du mouvement.
Lors
du « Bal
des Princesses (mais aussi des Princes !) »,
les participants se sont montrés dans l’ensemble assez à l’aise.
Certains ont participé avec entrain du début à la fin, d’autres
ont préféré s’assoir de temps à autres pour regarder mais tous
ont été enchantés de ce moment de convivialité et de danse
partagée, témoignant de leur intérêt pour renouveler
l’expérience.
Concernant l’expérience
de spectateur, « Jours
étranges »,
premier
spectacle
de la saison, a été très apprécié par l’ensemble du groupe
sous différents points de vue. Tout d’abord car la pièce
initialement créée avec des danseurs professionnels était dansée
par de jeunes lycéens amateurs qui pour la plupart dansaient pour la
première fois. Un travail de transmission avait été réalisé
durant une année, laissant les jeunes insuffler leur propre
dynamique et figurer leurs propres préoccupations. Leur énergie et
leur fraîcheur a transporté les résidents qui pour certains avaient
envie de se mettre à danser aussi. Cette force de vie déployée sur
scène les a beaucoup impressionnés et a été très porteuse.
D’autre part, la
thématique de la pièce autour du sentiment de bizarrerie que l’on
peut ressentir à l’adolescence, période de flottement, passage
délicat de mutation et de transformation dans un entre-deux, a
particulièrement touchée les résidents, comme faisant écho à une
expérience qu’ils peuvent vivre parfois du fait de leurs
problématiques. Ils ont ainsi pu faire des liens avec un vécu
intime et réaliser que ce sentiment d’étrangeté qui peut les
traverser peut être aussi perçu par d’autres à certains moments
de la vie et revêtir une forme symbolique, le renvoyant dès lors à
une certaine universalité.
La pièce « A
posto »
d’Ambra
Senatore jouait aussi sur cette notion d’étrangeté avec beaucoup
d’humour, s’amusant sur le décalage de certaines situations et
laissant transparaître un sentiment d’incongruité à partir d’une
situation quotidienne de pic nique. Au fur et à mesure, la situation
se dégrade pour devenir totalement burlesque. La maîtrise technique
des danseuses et le propos de la pièce, transformant le geste
quotidien en geste dansé et jouant sur la notion de répétition
pour multiplier les points de vue autour d’une même phrase
chorégraphique a soulevé l’intérêt des résidents. Ils ont pu
faire part de leurs observations et remarques avec beaucoup de
précision lors d’une rencontre avec la chorégraphe à l’issue
de la représentation. Ce fût un grand moment de rencontre et de
partage durant lequel ils ont pu échanger librement avec l’artiste
présente.
La chorégraphe a par la
suite donné un atelier pour les résidents au sein du théâtre des
Abesses. L’objectif était de partager avec le groupe le travail de
recherche de la compagnie pour la création de cette pièce en
proposant des explorations qui ont été expérimentés par les
professionnels.
Cette séance fut
particulièrement riche pour les participants qui ont pu concrètement
faire le lien entre leur pratique personnelle et le spectacle. Les
différents thèmes proposés durant cet atelier ont ensuite été
explorés durant plusieurs séances avec le même enthousiasme.
En fin de saison, nous avons
engagé un travail autour de la pièce de Pina Bausch,
« Kontakthof »,
abordant
les notions de partage, notamment au travers du film « Les
rêves dansants »
qui relate
l’expérience de transmission de la pièce à un groupe
d’adolescents et que nous avons visionné ensemble. Les résidents
ont découvert avec ravissement l’implication des jeunes gens dans
le mouvement et en quoi cette expérience avait pu les transformer et
les accompagner dans leurs questionnements intimes et relationnels.
Ils ont été très touchés et ont pu faire des liens avec leur
propre investissement dans la danse et l’expressivité du corps, ce
travail révélant encore une fois le caractère universel et la
puissance de la danse, comme source de créativité et de
renouvellement de soi.
Leur perception de la pièce
lors de la représentation, dansée cette fois-ci par les danseurs de
la compagnie, en a été d’autant plus forte, certains résidents
se montrant très enthousiastes ou bouleversés, comme en témoigne
la remarque de l’un d’entre eux : « en parlant de leur
vie, c’est un peu l’histoire de chacun d’entre nous qu’ils
racontent ». Par ailleurs, ayant conscience de l’importance
de cette pièce et de la chorégraphe dans l’histoire de la danse,
les résidents se sont montrés très honorés de pouvoir assister à
cette représentation.
Nous avons engagé cette
saison un très beau partenariat avec le Théâtre
de la Ville.
Les retours des personnes en charge des relations avec le public ont
été très forts et chargés d’émotion, renvoyant aux résidents
la qualité et la finesse de leur regard de spectateur. Cela a été
très valorisant pour les résidents qui ont eux-mêmes été
enchantés de ces nouvelles rencontres. Ils ont pu partager de
manière très spontanée leurs émotions esthétiques, leurs
ressentis et leurs observations, les décrivant de manière très
simple et à la fois avec une grande précision.
Ceci a aussi été favorisé
par le travail et l’implication de l’équipe socio-éducative qui
accompagne régulièrement la parole et le partage autour de
l’expérience d’atelier et de spectateur, notamment lors des
conseils de vie sociale.
Les participants ont ainsi
pu faire émerger un discours construit et étayé par une
connaissance de plus en plus accrue de l’esthétique de la danse.
Nous continuons en effet, en relation avec chaque spectacle, à
expliciter de quelle manière le travail du chorégraphe et la
technique utilisée s’inscrivent dans l’histoire de la danse et
l’histoire de l’art en général. Ceci a été très bénéfique
pour les résidents qui se sont réellement emparés de cet aspect de
notre démarche et constitue à notre sens une véritable source
d’émancipation. Ils ont pu faire des liens entre leur travail
personnel en atelier et le contenu des œuvres chorégraphiques mais
aussi situer des éléments précis de technique dans un contexte
plus large et ainsi ancrer leur pratique dans une dimension plus
universelle et « partageable », comme faisant partie d’un
tout.
Après cette saison riche de
découvertes, d’évolution dans le mouvement dansé et de
réflexion, nous avons décidé de poursuivre l’atelier pour une
année suivante.
ATELIERS ANTÉRIEURS
INSTITUT MÉDICO-EDUCATIF « LA NICHÉE » - CRÉTEIL :
Danse thérapie
octobre 2010-juin 2013
2 Ateliers bimensuels
Travail sur la relation à l’autre et au monde extérieur avec une attention portée sur la dynamique de groupe et le travail en duo et trio.
L’objectif principal de ces ateliers vise un mieux-être global, tant sur le plan corporel que psychologique. Il s’agit d’aborder la danse d’une manière thérapeutique, pour aller à la découverte de soi en encourageant le passage du geste à la parole.
La danse thérapie invite à l’éveil des sens, à renouer avec son corps, à accueillir ses émotions et à (re)contacter sa sensibilité. Elle revitalise, dynamise, redonne confiance en soi, détend, libère les tensions et blocages physiques et émotionnels.
Encadrement en concertation avec la psychomotricienne.
Nous abordons à travers la médiation en danse des dimensions telles que l’intimité et l’intériorité de soi, le contact, la relation à l’autre, la communication, l’imaginaire et le symbolique. Cela peut permettre aux jeunes de se construire, de se constituer et de révéler une identité tout en accédant à l’autonomie et en développant les conditions spatio-temporelles et socio-affectives nécessaires à la construction de soi et de l’estime de soi.
Ce travail s’articule autour du lâcher-prise. Il n’est pas nécessaire de savoir danser. C’est la liberté du mouvement qui prime, la qualité d’être, de présence. Chacun travaille à son rythme, à sa façon. Il n’y a pas de jugement de valeur. Les personnes peuvent ainsi se (re)construisent, sortir de leur isolement, communiquer, se libérer des modes de fonctionnement limitant et s’affirmer.
Un accent particulier est mis sur l’autonomisation et la responsabilisation pour les jeunes de l’IMPro afin de les accompagner au mieux vers le passage à l’âge adulte. De même, dans la perspective d’une orientation future vers un lieu d’accueil ou de travail pour adultes, une ouverture vers l’extérieur est favorisée. Dans cette dynamique, une sortie a été organisée à la Grande Halle de la Villette autour du spectacle de Christian Rizzo, « De quoi tenir jusqu’à l’ombre », en lien avec la compagnie « l’Oiseau Mouche ». Une rencontre avec les artistes a été organisée à l’issue de la représentation. Cette soirée a été particulièrement appréciée des jeunes qui ont pu faire le lien entre leur pratique personnelle en atelier et une dimension plus artistique, d’autant que la compagnie « l’Oiseau Mouche » travaille avec des personnes en situation de handicap mental.
Les participants ont ainsi pu échanger avec les danseurs professionnels, particulièrement à l’aise et sociables, et ainsi se projeter dans l’avenir et dans une perspective d’émancipation.
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